Claudy Lebreton ne signera pas le protocole d’accord.
Dans un entretien à la Gazette, le président de
l’Assemblée de départements de France s’offusque, le 11 octobre, d’avoir été mis
à l’écart des négociations. Le bureau de l'ADF rejette le protocole signé entre
le ministère de l'Intérieur et certaines organisations syndicales.
Vous avez exprimé votre mécontentement après la signature, le 23 septembre,
d’un protocole d’accord réformant la filière sapeurs pompiers entre la
Fédération des sapeurs pompiers de France, quatre organisations syndicales et le
ministère de l’Intérieur. Est-ce toujours d’actualité ?
J’étais très en colère sur ce dossier. J’ai fait savoir que ce projet
arrivait dans un contexte de tension budgétaire, au moment où l’on demandait le
respect d’un moratoire sur les charges et les normes. On nous avait promis une
pause. Mais chaque administration d’Etat continue à charger la barque des
départements.
En tant qu’employeurs, nous estimons avoir déjà beaucoup
donné. Concernant le personnel des services départementaux d’incendie et de
secours (Sdis), de nombreuses avancées ont été accordées récemment. La loi Morel
A l’Huissier du 20 juillet 2011 relative aux pompiers volontaires a renforcé
leur protection et revalorisé les vacations, avec effet rétroactif de
l’allocation vétérance. Cela nous coûte plusieurs millions d’euros.
La mise
en place du réseau de transmissions numériques Antarès nous laisse une ardoise
de 12 millions d’euros. On nous demande encore un effort supplémentaire alors
que le bureau de l’ADF s’était prononcé à l’unanimité pour un moratoire sur les
dépenses des départements.
Vous avez dit ne pas avoir été consulté sur cette réforme. Or les
représentants des organisations syndicales signataires de l’accord affirment
vous avoir rencontré…
Sur ce sujet, ce n’était pas aux syndicats, mais au pouvoir réglementaire de
nous associer. Que les représentants des agents rencontrent leur employeur,
c’est la moindre des choses. Mais ensuite, on nous a simplement envoyé des
documents.
Nous n’avons pas répondu car nous demandions un moratoire. Le
gouvernement n’a négocié qu’avec certains syndicats et avec la Fédération des
sapeurs pompiers de France dont je ne comprends pas le rôle. Chacun de ses
congrès apporte une bonne nouvelle, comme si c’était le père Noël. Or il n’y a
pas de bonne nouvelle chaque année pour les autres métiers de la fonction
publique.
Dans ces conditions, ces échanges s’appellent-t-ils de la
concertation ou de la négociation ? La moindre des politesses républicaines
aurait consisté à nous inviter aux réunions. On mettait tout le monde autour
d’une table et on nous demandait notre avis. Je n’ai jamais été adepte de la
chaise vide…
Mais, comme je l’ai déjà dit, c’est assez fort de café de voir
un ministre de l’lntérieur jouer avec votre portefeuille. Les départements et
les communes paient toutes les dépenses des services départementaux d’incendie
et de secours (Sdis) alors que la sécurité civile est une responsabilité pleine
et entière de l’Etat, qu’il ne finance pas.
Etes-vous opposé à l’accès sans concours des volontaires à la
titularisation, prévu par cette réforme ? Que souhaiteriez-vous amender ?
J’ai toujours dit que j’étais favorable au développement de la titularisation
des sapeurs pompiers volontaires. Mais il faut encadrer les choses, regarder
quels sont ceux qui ont l’aptitude à embrasser la carrière, tout en privilégiant
l’accès par le concours et en permettant un volant de promotion interne. Quand
Michèle Alliot-Marie était ministre de l’Intérieur, je l’avais rencontrée autour
d’un programme de réforme étalé sur cinq ans. On pouvait en suivre les
incidences à l’année n + 1, n + 2. On mettait en œuvre le chantier
progressivement.
Comment l’ADF compte-t-elle réagir maintenant que le protocole est
signé?
Ce dossier a été examiné mardi 11 octobre par le bureau de l’ADF qui ne m’a
pas autorisé à signer ce protocole. Nous allons agir par nos mandants à la
conférence nationale des services d’incendie et de secours (CNIS) dont les
instances vont être renouvelées prochainement et au conseil supérieur de la FPT
qui a un nouveau président, Philippe Laurent que nous allons informer très
précisément.
Mon objectif n’est pas de faire échouer cette réforme, mais de
rechercher des compromis dans son application. Nous souhaitons son étalement.
Et, au niveau national, ce n’est pas parce que l’on discute avec les
collaborateurs de l’ADF que l’on a discuté avec ses élus. Ceux qui négocient
pour les élus, ce sont les élus. Il faut qu’ils soient placés dans une vraie
négociation, comme on vient d’en conclure une, pour le secteur social, avec
quatorze associations du collectif de l’aide à domicile.
Source: http://www.lagazettedescommunes.com/78370/reforme-de-la-filiere-sapeurs-pompiers-claudy-lebreton-ne-signera-pas-le-protocole-d%E2%80%99accord/